Lettre à Zoé / FAUVE / Vieux frère partie 1

" je crois qu'il y a rien de plus fort, je ne sais pas comment expliquer ça.... ça se voit dans les yeux.

Tu te dis merde, j'ai l'impression de faire quelques choses et pourtant....et pourtant c'est pas grand chose"


Journée en mode technique du sandwich.


On pousse 600m après le village

Puis c'est extra ça roule bien.

On croise un lituanien

Je mets de la musique et le grand plateau.


On arrive au virage que j'avais repéré pour bivouac.

Bivouac impossible on continue.

On pousse jusqu'à la tombée de la nuit et plus encore



On est lundi, on a décidé de partir, moi je ne sais pas si j'en ai vraiment envie !

Est ce que c'est l'inquiétude du mal de l'altitude qui est là suite à la rando d'hier qui m'a donné mal à la tête.

Est ce que c'est la trouille des 150km sans aucune civilisation qui nous attend.

Est ce que c'est mon cerveau qui s'est acclimaté à ce petit village d'altitude du bout du monde et qui aimerait conserver cette zone de confort.

Un mélange de tout ça certainement.


Où bien c'est la frustration de se séparer de Zoé, ce matin nos mains ne sont effleurée ,nos regards croisés et un rictus nous a traversé.

Je te vois... mais je pars.

Avant de m'installer sur le vélo, Zoé envoie un message. " Dans la vie, on se voit 3 fois!"

Je laisse le soin à l'Univers d'organiser les prochains croisement.

J'aimerais mettre en avant qu'une nouvelle fois, je remarque que ces femmes donne de véritable leçon de courage et d'abnégation. Après Coline croisé à Samarkand, Zoé voyage à vélo avec son chien de 35kg qu'elle traine dans une remorque.


Il est 9h et nous quittons le village sous un beau soleil et un température agréable de 20°c.

On voit la première rampe depuis 2j, elle ne faisait pas spécialement peur depuis le village mais une fois à son pied c'est différent...

On a parcouru 800m depuis le village et nous voilà de nouveau entrain de pousser les vélos.

Aller ça va pas durer longtemps, on a dis qu'il y avait un plateau après la bosse.

Moi je dis que la semaine commence franchement pas super génial.

Je comprends un peu mieux pourquoi je voulais pas partir du village car j'avais la crainte de pousser mon tank encore et encore.

Lawrence à besoin de faire une pause technique, je l'attends pendant qu'il fait son affaire et je me dis que " puré! Ça fait 1h qu'on est parti et on a fait 4km seulement, j'espère qu'on pourra faire un peu de vélo aujourd'hui car je suis pas venu faire de la randonnée !!".


30 min plus tard, on est arrivé au plateau.

Voilà quelques choses qui va me plaire, on voit le chemin longé la rivière sur des kilomètres, on va pouvoir faire du vélo, pas de pétard en vue.


Franchement je m'éclate un max, ma réparation du frein avant fonctionne nickel, le chemin est roulant, c'est le top.


Après 1h de vélo on s'arrête à l'ombre boire un peu et manger quelques cacahuètes. À cette endroit sous cette arbre il y a déjà un voyageur à vélo.

Il vient de Lituanie, fait rapidement connaissance et on s'informe mutuellement sur ce qui nous attend. Pour nous il nous dit que dans 30km environ il y spot de bivouac où il n'y a pas d'eau mais il y a une rivière 200m après.

Puis on devine qu'il y a quelques passages de gué à passer car lui il est arrêté pour faire sécher ses chaussettes et chaussures.

Il regarde à mon vélo, il trouve la config intéressante, puis il fait le test ultime de tout vélo de voyage, il tente un soulevé de terre!

Impossible de décoller la roue arrière du sol, bien oui j'ai pas un vélo mais un tank, et je sais pourquoi ! J'obtiens son plus grand respect et il me dit que je dois être sacrément costaud pour traîner ça.

Aller bon route compagnon et à plus tard sur les réseaux, nous on reprend la route.


Effectivement il y avait 2 passage de gués sur le chemin, je passe sur le vélo mais ça doit être miraculeux car j'ai l'eau jusqu'au genou !

Je ne sais pas comment j'arrive à faire ça mais j'y arrive !


On s'arrête faire une petite pause repas, 2 oeufs dur, quelques dattes et un biscuit.

J'essaie d'imiter le lituanien a faire sécher mes chaussettes mais en 10min c'est trop court.


Alors pour faire sécher les chaussettes je roule vite en ce début d'aprem midi, je tourne vite les chaussures pour faire sèche linge avec Soprano dans les oreilles.

On est à plus 3200m et j'ai 100% de capacité physique. J'arrive même à passer sur le grand plateau, ça faisait plusieurs jours que c'était pas arrivé.


Et là il se passe l'événement de la journée.

J'arrive à un virage en épingle qui monte en direction de la lune vers la droite.

Je prends une pause et je sors la carte.

Je suis à l'endroit que j'avais repéré hier pour bivouacer, je pensais que c'était la zone conseils par le lituanien mais non!

J'ai loupé la zone de bivouac du lituanien, je suis passé trop vite certainement et dans ce genre d'environnement il n'y a pas une pancarte qui dit que c'est ici qu'il faut pauser la tente.

Et de mon côté l'endroit que j'avais repéré semble inaccessible. Je tente une petite exploration à pied pour voir tout de même ce que ça donne.

Bien ça donne rien, on pourra pas dormir ici.

Toutefois à cette endroit il y a un gros rocher qui domine la vallée que je viens de parcourir.

Lawrence étant plusieurs minutes dernier je prends un instant pour m'assoir sur lui.

Je domine ce paysage sortie d'un film du Seigneur des Anneaux. Les montagnes sont gigantesques, le lit de la rivière démesuré et moi je suis là, bras ouverts à recevoir les rayons du soleil.

Ça pourrait être la dernière scène d'un film où d'une vie bien remplie, ici au milieu de la planète où personne ne passe, apaiser et satisfait du chemin parcouru.

Mais j'ai toujours Soprano dans les oreilles.

" A nos héros du quotidien", je voulais vous Merci !


Justement, il va falloir se transformer en héro !

Maintenant....La Bartang va nous mettre à l'épreuve ! Sommes nous pré ? Moi je suis gonflé à bloc de motivation et d'énergie suite à cette communion avec mon environnement.


Lawrence arrive à ce fameux virage qui monte vers la lune.

(Lui non plus n'a pas repéré le spot de bivouac)

On se dit que c'est plus haut qu'on pourra mettre la tente. La carte indique des des chiffres démesuré avec 600m de D+ sur 3km. Ensuite on attend une zone où la route est plate mais piégé entre la falaise et le ravin. La zone la plus proche de nous pour la tente se trouve à 10km.

Aller on y va, avançons avançons.


A cette instant la montre indique 4h20 d'effort pour 35km. J'arrêterai le chrono quand il affichera 7h50 et 40km. Oui 3h30 pour faire 5 petits kilomètres.

Voilà les "héros" que nous sommes devenus.

Dans cette montée impossible il nous aura fallu devenir des monstres héroïque pour atteindre les 3800m d'altitude et ce petit replat.

L'un après l'autre nous charrions nos vélos mètre après mètre. Dans cette rampe glissante où l'air se rarifie nous prenons notre courage en faca à face pour continuer d'avancer.

L'effort est si intense qu'une nouvelle fois mon esprit doit prendre la fuite, seul mon corps aux muscles atrophié reste sur terre.

On doit faire 2 à 3 pause pour répondre notre souffle à la monté du premier vélo, puis redescendre tranquillement chercher le deuxième vélo, pour refaire 3 à 4 pause sur la monté du second.

On fera un nombre d'aller retour inespéré.

La force du groupe est là, on sait qu'on a chacun besoin de l'autre pour se sortir de ce passage.

Tout seul, ici, dans cette situation, tu pleures !

Mais à deux, tu te soutiens, tu t'encourages, tu ne baisse pas les bras, tu lâches rien, car enfance de toi ça tient le choc.


Plus on grimpe, plus le soleil se couche... ça y est nous sommes dans l'ombre de la montagne, le vent c'est levé, il fait 8°c avec ressenti vers 3°c, je suis en short et T-shirt…j'ai un peu froid et j'ai les mains un peu rosé. Il est temps de mettre un coup de vent car on n'en a pas fini avec cette section.


On passe rapidement de l'ombre à la nuit et avec elle arrive la fin de l'ascension.

Nous arrivons "victorieux" sur cette zone où la route est plate mais inadapté à la tente. Il faut marcher encore un peu dans le noir et dans ce vent qui n'en fini pas de grossir.


Bon faut pas se le cacher, on est en mauvaise posture, nous sommes plus proche d'être des zombies que des êtres humains, nos stocks d'eau sont presque à sec (1.5L pour 2 personnes) et toujours pas d'endroit pour s'arrêter.


Soudain un rocher se présente, derrière lui 3m2 de plat. C'est note salut !

On va s'arrêter ici car clairement ça suffit pour aujourd'hui.

On ne montera qu'une tente ce soir pour se tenir chaud et de toute façon Il n'y a pas la place pour 2.

On assemble la tente à la frontale et on s'installe vite fait pour se protéger de ce froid.

On partage l'eau qu'il nous reste et on sort quelques denrées sec ( pain, abricots, dattes et oeufs). Ça ressemble étrangement au ravito de ce midi sauf que là... Lawrence sort de son packtage une boîte d'haricot rouge à la sauce tomate.

"Mais depuis quand tu as ça ?" Je lui dis.

Il me répond : " this is for emergency situation! We are in emergency situation!"


Impossible de savoir ce que la Bartang te prépare.

Toutefois, comme je l'ai appris lors de mes années en

Inde, la loi de Murphy est toujours entrain de se jouer, dans la vie tout ce qui peut arriver... arrive.