Aujourd'hui je fais pas le relous, je zappe le petit dej comme ça Saï ne m'attends pas.

Bon on verra bien comment je me sens le ventre vide.


Ça attaque direct dans le vif du sujet.

Moi j'ai pour ambition de rejoindre la route 108 pour continuer la boucle Mae Hong Song loop.

D'un point de vue administratif il me reste 14 jours pour sortir du pays, la 1er frontière est à 700km. Jouable vous me direz mais bon on n'a pas encore parlé du dénivelé !

Tu sais bien le dénivelé, la pente ! Celle qui te fait serrer les fesses en descente et humidifie ton maillot quand ça grimpe.

Souvenez-vous, il y a quelques mois je t'avais dit que la Turquie c'était difficile avec son ratio de 1000m de D+ pour 100km.

Là accroche toi bien !

L'étape du jour va être stratosphérique !

Limite a faire passer la Turquie comme " une voie verte de long de la Loire".

Je vais devoir gravir, sur seulement 65km, 1800m de dénivelé positif.

Je te laisse le soin de sortir la calculatrice pour avoir le pourcentage de pente et tu me diras....moi j'ai trop eu peur de savoir.... j'avais déjà suffisamment les frousse quand je voyais le route pointer le ciel.


Du coup on a enchaîné les pétard toute la journée sous une chaleur tropicale.

J'ai utilisé toutes les techniques que je connaissais !

Se laisser aller dans la pente pour gagner en vitesse et monter avec l'inertie le plus haut possible.... mais le plus haut possible n'était jamais suffisant pour atteindre le haut.

Pédaler comme un sourd pour que ça passe plus vite... ça marche pas, trop proche de la crise cardiaque, le cœur se met en sécurité et le vélo se fait tordre la tronche pour pas grand chose.

S'arrête sur le bas côté pour atteindre le prochain pick-up ! Nan mec ne fait pas ça, résiste, tu as passé la Bartang sur le vélo tu vas pas abdiquer ici sur un si joli bitume.


Alors le mieux c'est encore de réduire le braquet bien avant que cela soit nécessaire, attendre que la pente te ralentisse suffisamment pour ressortir un peu de résistance dans les pédales, puis là tu prends ton rythme de pédale et tu le tiens le plus possible.

Le plus possible c'est pas longtemps soyons honnête !

Rapidement tu te retrouves a pédaler un peu par à-coups, espérant que tu arrives encore à faire un tour de pédale au prochain mouvement.

Puis ultime recours, tu termines en mode serpent début sur les pédales et tu réfléchis à tout ce que tu pourrais bazarder au prochain arrêt !


Voilà fin de matinée, c'était pas la plus simple mais j'ai tout passé.


Avec Saï, qui souffre avec le sourire, on s'arrête manger sur le bichope le long de la route.

Endroit agréable, avec vu sur la rivière.

Saï, prévenant, remarque une cabane qui vend du café en face, il s'en va passer commande pour moi car il a bien vu ce matin que.... j'en avais pas pris !


À la fin du repas Saï discute avec la cuisinière.

C'est plat ensuite qu'elle lui dit ! Tout heureux de savoir que la difficulté était dernier nous il repart confiant....

Moi j'y crois pas beaucoup car mon gps indique encore 900m de D+. Mon gps ne sais pas beaucoup trompé depuis le départ et ça m'étonnerait qu'il est sorti les bulldozer juste pour nous.

Je lui dis de ne pas s'emballer car ce n'est pas le menu qui est prévu.


Sorti du restaurant, on rejoint la route 108 en une poignée de minutes.

Bon l'ambiance change un peu.

Il y a des camions pleins et autant de voitures et de scooter.

Moi je me demande comment je vais pouvoir faire mon serpent dans la pente avec tout ce trafic....


Aller on s'y engage, je précise à Saï où je souhaite m'arrête ce soir sur la carte.

Je lui dis de prendre son temps, de prendre un pick-up s'il faut, et qu'on se retrouvera dans le village.


Alors pour atteindre ce petit village c'est... comment on dit déjà....long! Voilà c'est ça, c'est long !

20km en prise continue dans la pente qui oscille entre 5 et 12%.

J'imagine mettre 2h pour rejoindre le village et ça n'a pas loupé, 2h et 5 minutes plus tard je suis en haut.

J'imagine également que Saï arrivera 1h après, effectivement 1h15 plus il est arrivé.


Il est épuisé ! Franchement chapeau à lui car vu son gabarit et la difficulté du jour il s'est donné !

Il est temps de trouver un coin pour la tente.

On " négocie" un endroit sous un préau auprès d'un petit resto. On demande au proprio si on peut dormir ici et on mange dans son restaurant ce soir.

Voilà deal convenu.

Une petite rincette et mise en charge de l'électronique avant de passer à table.


On passe commande et je reçois une tape sur l'épaule.

C'est Nathan qui nous a retrouvé de manière fortuite.

Je lui avais écrit un peu plus tôt pour lui communiquer notre emplacement sachant qu'il était aussi dans les parages, mais il nous a repérer naturellement.


On mange donc à trois et il nous rejoint pour bivouacer.

On se prend une bière pour célébrer le nouveau record de Saï de dénivelé dans une journée !


Bien fatigué malgré tout, il n'est pas difficile de trouver le sommeil